Parménide (suite 2)
Après avoir éliminé une des voies de recherche et affirmé que seule la voie qui dit que "l'Être est et qu'il n'est pas possible qu'il ne soit pas" mène à la Certitude qui accompagne la Vérité, Parménide se lance dans une démonstratiion qu'il veut logique sur les attributs de l¨Être. Celui-ci d'après lui est incréé :
"... et il y a une foule de signe que l'Être est incréé, impérissable, car seul il est complet, immobile et éternel. On ne peut dire qu'il a été ou qu'il sera puisqu'il est à la fois tout entier dans l'instant présent, un, continu. En effet quelle naissance lui attribuer ? Comment et par quel moyen justifier son développement ? Je ne laisserais ni dire, ni penser que c'est par le Non Être. [...] Car, s'il venait de rien, quelle nécessité eût provoqué sont apparition ou plus tard ou plus tôt."
On voit bien avec ce début comment la pensée de Parménide se développe et tisse ses arguments par questions successives dans ce qui est déjà de la dialectique. On voit aussi d'ailleurs que sur certains points il est en accord avec Héraclite (le caractère incréé et un de l¨Être est à rapprocher de certains aphorismes d'Héraclite : " Ce monde-ci, le même pour tous les êtres, aucun des dieux ni des hommes ne l'a créé..." ou "La loi, c'est encore d'obéir à la volonté de l'un." Leur différence tient au fait que Parménide ne se contente pas d'affirmer mais cherche à démontrer logiquement.
Mais reprenons le cours de la démonstration :
" En effet l'Être n'a ni naissance, ni commencement. Ainsi donc il est nécessaire qu'il soit absolument ou ne soit pas du tout. Nul puissance ne persuadera que du Non-Être pourrait naître quelque chose à côté de lui [...] Comment donc l'Être pourrait-il venir à l'existence dans le futur ? Ou comment y serait-il venu dans le passé ? S'il est venu à l'existence, il n'est pas. Il en va de même s'il doit venir à exister un jour. Ainsi est éteinte la génération et la destruction est inconcevable."
Ainsi se trouve démontrer selon Parménide la proposition que l'Être est incréé et impérissable. Bizarrement, la deuxième partie de la proposition initiale qui appuyait le caractère incréé et impérissable de l'Être sur sa complétude et son immobilité a disparue de la démonstration. En réalité Parménide parlera et tentera de démontrer ces autres attributs de l'¨Être dans la suite de son exposé mais de manière en quelque sorte détachée. Aristote lui fera d'autres reproches et notamment celui de prendre l'Être au sens absolu ce qui l'empêche de distinguer la différence conceptuelle entre le blanc et les choses blanches.
C'est donc cette abstraction quasi irréelle de la pensée de Parménide que remarquera à son tour fort justement Nietzsche. En fait Parménide par un "effort surhumain" a réussi à détacher la pensée des choses de ce monde pour atteindre le Principe même en vertu duquel elles existent.Il se tient dans le domaine des Dieux où les cavales l'ont mené au début de son poème. On peut donc considérer que Parménide est l'inventeur de la métaphysique grecque classique.
Parménide : quelques commentaires - Le blog de Pi_ro_94
4-5 - Eh bien donc ! Je vais parler; toi, écoute et retiens mes paroles qui t'apprendront quelles sont les deux seules voies d'investigation que l'on puisse concevoir. La première dit que l'Être...
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