Le marronnier
Oh! quel farouche bruit font dans le crépuscule
Les chênes qu’on abat pour le bûcher d’Hercule!
Victor Hugo
Je suis le marronnier, l’ornement du tennis
À la terre rouge encadrée de lignes blanches
Les pigeons, les moineaux, se cachent sous mes branches
Où parfois les vents d’Ouest et ceux du Nord gémissent.
Je sens sur moi pesé tous les regards qui glissent
Par-dessus les jardins jusqu’à ma verte et franche
Chevelure qui pend de mon front, où s’étanche
Leur soif de nature, et sentir qu’ils se réjouissent
De voir mes frêles fleurs parer de blancs diadèmes
Mon opulent feuillage annonçant le printemps,
Me fait goûter bien mieux ce doux réchauffement
De la terre et du ciel ; la vie renait et sème
L’amour aux cœurs des gens affamés par l’hiver,
Froid fantôme qui fuit désormais ce revers.