Parfois je me retrouve...

Publié le par Pi_ro_94

 

Parfois je me retrouve, songe délicieux,

Suçant barbe à papa de mes lèvres heureuses,

Et sur les manèges, cavalier silencieux

Attrapant avec une gaîté malicieuse

Du bout d’une lance en bois l’anneau précieux

Donnant droit au tour gratuit, magie fabuleuse !

Tournez, tournez manège et rêves impérieux !

 

Plongez moi vers ce bonheur d’être entre copains,

À jouer au ballon ou bien à la délivrance,

Ou dans les barraques abandonnées des forains

Cherchant sous les planchers avec un peu de chance

Quelques pièces jaunes égarées en chemin.

Loin, très loin d’aujourd’hui retrouver mon enfance,

Ses courses héroïques, ses malheurs anodins.

 

Par l’imagination recréer mon quartier,

Ses deux squares, ses deux mairies, ses deux places,

L’école élémentaire où j’étais écolier

Et les jardins secrets derrière les façades,

Ce monde caché connu des seuls initiés

Que le passant ignore et qui est presque mirage

Aujourd’hui alors qu’il nous était familier.

 

Je revois avec mon cœur le beau marronnier

Qui ornait le coin du cours de tennis, immense

À mes yeux d’enfant et dont j’aimais regarder

Son élan vers le ciel et la verte opulence

Du feuillage ; géant solitaire et princier

Il régnait sur les jardins et nos impatiences,

Indiquant les saisons mieux qu’un calendrier.

 

Je le voyais depuis le quatrième étage ;

Ainsi, bien que petit, j’étais à sa hauteur

Et pouvais dialoguer malgré son grand âge

Et j’étais sûr qu’il se tairait plein de pudeur

Sur mes secrets, mes désirs , mes peines, mes rages.

Un bon compagnon surtout s’il était en fleur.

 

C’est là que je l’aimais le plus et à l’automne aussi

Quant tel un roi mage en route vers Bethléem

Il se couvrait d’or et de couleur, tout bruni

Comme ces joueurs qui venaient en fin de semaine

Frapper sur les balles toute une après-midi.

Mais ils ne venaient pas quand le ciel était blême

Ou noir et que l’orage grondait sur Paris

 

L’hiver les faisait fuir et le tennis désert

Restait silencieux et l’arbre sans ses feuilles

Semblait soudain petit  dans le profond aber

Semé de jardins où dormaient les chèvrefeuilles

Et que la falaise des immeubles domine

De ses murs blancs coiffés du beau zinc de Paris.

Lac calme dans la ville qui autour fulmine.

 

Mon œil voyageait dans ce lac où seuls le ciel

Et l’air descendaient épousant l’arbuste et l’herbe,

Et mon cœur y déversait ses rêves pluriels,

Appuyé au balcon et apprenant ses verbes.

Dans cet espace ouvert et presque vide l’œil

Était arrêté  par l’église aux tons grèges

Qui au Sud le fermait, tel un gardien du seuil.

 

Publié dans Poésies

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M
Retour aux beaux souvenirs d'enfance avec cette belle poèsie, PIro !
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P
Oui, merci de tes visites Marinezou.
L
c'est superbe!!<br /> bonne journée
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P
Merci Luna. Bonne fin de journée.
S
La nostalgie point à chaque vers. Heureuse de retrouver le marronnier. Très beau poème
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P
Être à la recherche du temps perdu est-il forcément nostalgique.?
B
non je lis, mais des romans en ce moment; j'ai une bibliothèque pleine de recueils de poésie. j'ai des connaissances-poètes<br /> http://ahoui.eklablog.com/<br /> ou<br /> http://biloba.over-blog.com/ .. Jean-Claude Touzeil dont l'un de ses poèmes a été intégré à un livre de français <br /> je vous conseille ces blogs
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P
Tant mieux mais j'aurais dû préciser sur écran.
B
je n'ai pas voulu dire cela. j'ai du mal à lire la poésie en ce moment. j'ai juste lu le début et l'ai apprécié. La suite doit avoir même qualité. Chez Sedna qui écrit très bien aussi, je lis par fraction... je ne sais pas mentir, j'aurais pu suggérer que j'avais lu l'ensemble.. je vous prie de m'excuser de ne pas... sourire vers vous.
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P
C'est curieux j'ai remarqué que certains photographes ont du mal à lire longtemps. En tout cas j'en connais deux qui sont comme ça.