Hommage pastiche à Aimé Césaire
Jevous est posté plusieurs poèmes de lui sur ce blog. Voici un poème que j'ai fait au moment de sa mort en avril 2008.
Le voilà parti, lui qui Krakatoa
poitrine ouverte. Quel Zambèze
frénétique et hors de gamme
emporte son âme
vers les brumes cannibales
où chaque goutte d’eau
dévore les soleils et les étoiles
où l’arbre flamboyant meurt
avec ses pétales en arche de sang ?
Son âme crachée au ciel
par le volcan puis descendue
dans la mer escortée
par les flambeaux des méduses-aurélies
balançant leurs fins cheveux
au dessus de sa tête de nègre
comme un diadème.
Sa tête qui repose aussi
parmi les racines ancreuses
pour toujours là dans sa terre
sous le vent trop fort qui rit
avec violence et l’eau qui crie
et moussonne au-dessus
des espoirs et vies blessés
qui se relèvent pourtant
tel des bêtes gestantes
après les fornications.
Et toutes ses images en un chapelet
charnel de mots odorants,
secourables et festifs,
crépitent et déferlent
depuis sa bouche endormie
brisant les digues de l’alphabet
et de la syntaxe sous l’hérésie
électrique de leurs communions adultères.
Passion et connivence chair et air
baisers de la terre au ciel,
fruits épaves mourant sur le sol
ombre des ramures bananières
cataracte de chants tombant
fous des cimaises célébrations
feintes enfantillages voix
caduques des oiseaux
catastrophe éternelle et savante
des lianes et de l’étole des arbres.
Il a chanté, aimé, sonder sa terre
Marchant à reculons ou avançant
Comme un sabre sur les routes
Libertines et chimiques de la poésie.