L'été
L'été... Oh! la chair de cet été
entrevue par la fenêtre, derrière les géraniums.
Cette chair d'un bleu si mince et si blanc
qu'il nous aveugle et nous fait désirer le soir.
Non pour quelque rémission de la chaleur
mais pour pouvoir regarder le ciel enfin
pur et non troublé par la violence solaire.
Ce ciel qu'animera le vol des oiseaux
et leurs trilles saccadées
alors que tout se tait accablé
et que rien n'est visible dans l'air
qui ondule et se trouble comme une flamme.
L'ombre ne nous est pas plus propice,
on y sue sans y trouver de fraîcheur
et le soleil y tambourine, plus agaçant
que dehors en pleine lumière.
Autant le laisser entrer et sécher
toute cette ombre qui tue les muscles
et partir dans la campagne l'affronter.
Une bicyclette et le tour est joué.
Nous fonçons dans le feu solaire,
il y aura des sous-bois amicaux
pleins de fraicheurs auxquels nous ferons fêtes
et puis l'ivresse de la liberté,
cette griserie féroce des muscles qui
se tendent, ce plaisir de ne plus être
immobile et impuissant.