Le loup dans la maison ou l'aspiratueur
Chez moi c’est plein d’ovins qui broutent les planchers.
Mais tout à coup leur vie paisible est dérangée,
Le loup sort du placard où il était caché,
L’oeil terrible, la queue encore entortillée.
Il s’étire, vérifie que tout est en place,
Enfin il hurle sa faim puis il part en chasse.
Sa geule noire attrape sans laisser de trace
Les moutons bien gras qu’il gobe d’un air vorace.
Certains pensent échapper à sa boulimie
En se réfugiant sous les meubles et tapis.
Les voilà sauvés, le loup ailleurs est parti
Dévorer d’autres congénères gris souris.
Mais il est très rusé, sa mémoire est agile,
L’animal les trompe par sa course subtile
Et revient croquer ceux qui se croyaient tranquilles.
Ah! combien la vie est éphémère et fragile!
Pourtant l’un d’eux, caché au fond de la cuisine
Dans un coin noir tente d’échapper aux canines
Et se fait petit quand approchent les babines.
Il ne me verra pas et j’ai trop triste mine.
Le loup se cogne, aspire fort, tend le cou
Mais le mouton vaillant résiste et tient le coup.
Ce n’est pas aujourd’hui qu’il ira dans le trou
Car le loup maintenant trouve plus à son goût
Les miettes dorées qui trainent sur le parterre.
Son appétit tombé, il devient philosophe
Après tout, se dit-il , ce n’était que poussière.
Il tousse affreusement, sa gueule fait kof! kof!
Le terrain nettoyé, il lui faut digérer
En sa tannière, loin de l’électricité.