Peinture d'un site
Dubuffet...
Peut être faudrait-il se taire
tout à fait
quand dans la lumière cette beauté
de la statue, étrangère et qu'on n’avait
d'abord pas vue,
éclate comme une brutale harmonie
de visages.
Les pas viennent du métro ou
d'une cabine téléphonique
à travers des jardins et des escaliers
qui sont comme les signes tendus
des joies ou des déconvenues,
des pensées et des indifférences de ceux
qui les tracent.
Ou comment être présent
aux formes et aux couleurs
qui nous jettent dans l'inconnu ?
C'est parce que nous sommes
totalement retournés sur nous-mêmes
que les choses enfin sont vues.
Dans un instant, peut être hier,
notre ego trahira le songe
que seule notre mémoire vit.
Comme si elles n'étaient pas
depuis longtemps oubliées
dans la brûlure de l'après-midi
ces dents que broyaient le bleu et l'orange
et même ces villes et ces campagnes,
ailes qu'une simple ligne
dessine et mire dans la couleur,
vestiges d'un rêve qui se clôt
sur quelques énigmes.
Avons nous vu des figures humaines
passer tel un reflet de passion,
masques ou simples désirs de créer
des espaces autour d'elles qui les abrègent ?
Mais la vie n'est-elle pas
plutôt, cette pulsion inaugurale
sans figures
sans mots -
le symbole d'un chaos inventif -
et tout le reste n'a-t-il été créé
que pour tracer de quelques traits et points furtifs
délibérément la magie du geste créateur.